jueves, 3 de diciembre de 2015

¡Oh Momotombo ronco y sonoro!

Osiris Castillo nos obsequia esta foto del coloso: Momotombo.








Poema: Momotombo de Rubén Darío
Momotombo


El tren iba rodando sobre sus rieles. Era
en los días de mi dorada primavera
y era en mi Nicaragua natal.
De pronto, entre las copas de los árboles, vi
un cono gigantesco, «calvo y desnudo», y
lleno de antiguo orgullo triunfal.

Ya había yo leído a Hugo y la leyenda
que Squire le enseñó. Como una vasta tienda
vi aquel coloso negro ante el sol,
maravilloso de majestad. Padre viejo
que se duplica en el armonioso espejo
de un agua perla, esmeralda, col.

Agua de un vario verde y de un gris tan cambiante,
que discernir no deja su ópalo y su diamante,
a la vasta llama tropical.
¡Momotombo se alzaba lírico y soberano,
yo tenía quince años: una estrella en la mano!
Y era en mi Nicaragua natal.

Ya estaba yo nutrido de Oviedo y de Gomara,
y mi alma florida soñaba historia rara,
fábula, cuento, romance, amor
de conquistas, victorias de caballeros bravos,
incas y sacerdotes, prisioneros y esclavos,
plumas y oro, audacia, esplendor.

Y llegué y vi en las nubes la prestigiosa testa
de aquel cono de siglos, de aquel volcán de gesta,
que era ante mí de revelación.
Señor de las alturas, emperador del agua,
a sus pies el divino lago de Managua,
con islas todas luz y canción.

¡Momotombo! -exclamé- ¡oh nombre de epopeya!
Con razón Hugo el grande en tu onomatopeya
ritmo escuchó que es de eternidad.
Dijérase que fueses para las sombras dique,
desde que oyera el blanco la lengua del cacique
en sus discursos de libertad.

Padre de fuego y piedra, yo te pedí ese día
tu secreto de llamas, tu arcano de armonía,
la iniciación que podías dar;
por ti pensé en lo inmenso de Osas y Peliones,
en que arriba hay titanes en las constelaciones
y abajo dentro la tierra y el mar.

¡Oh Momotombo ronco y sonoro! Te amo
porque a tu evocación vienen a mí otra vez,
obedeciendo a un íntimo reclamo
perfumes de mi infancia, brisas de mi niñez.

¡Los estandartes de la tarde y de la aurora!
Nunca los vi más bellos que alzados sobre ti,
toda zafir la cúpula sonora
sobre los triunfos de oro, de esmeralda y rubí.

Cuando las babilonias del Poniente
en purpúreas catástrofes hacia la inmensidad
rodaban tras la augusta soberbia de tu frente,
eras tú como el símbolo de la Serenidad.

En tu incesante homalla vi la perpetua guerra,
en tu roca unidades que nunca acabarán.
Sentí en tus terremotos la brama de la tierra
y la inmortalidad de Pan.

¡Con un alma volcánica entré en la dura vida,
Aquilón y huracán sufrió mi corazón
y de mi mente mueven la cimera encendida
huracán y Aquilón!

Tu voz escuchó un día Cristóforo Colombo;
Hugo cantó tu gesta legendaria. Los dos
fueron, como tú, enormes, Momotombo,
montañas habitadas por el fuego de Dios.

¡Hacia el misterio caen poetas y montañas;
y romperase el cielo de cristal
cuando luchen sonando de Pan las siete cañas
y la trompeta del Juicio final!


Les Raisons Du Momotombo - Víctor Hugo

_ Trouvant les tremblements de terre trop frequents,
Les rois d'Espagne ont fait baptiser les volcans
Du royaume qu'ils ont en dessous de la sphere;
Les volcans n'ont rien dit et se sont laisse faire,
Et le Momotombo lui seul n'a pas voulu.
Plus d'un pretre en surplis, par le Saint-Pere elu,
Portant le sacrement que l'Eglise administre,
L'oeil au ciel, a monte la montagne sinistre;
Beaucoup y sont alles, pas un n'est revenu.
O vieux Momotombo, colosse chauve et nu,
Qui songes pres des mers, et fais de ton cratere
Une tiare d'ombre et de flamme a la terre,
Pourquoi, lorsqu'a ton seuil terrible nous frappons,
Ne veux-tu pas du Dieu qu'on t'apporte? Reponds.

La montagne interrompt son crachement de lave,
Et le Momotombo repond d'une voix grave:

--Je n'aimais pas beaucoup le dieu qu'on a chasse.
Cet avare cachait de l'or dans un fosse;
Il mangeait de la chair humaine; ses machoires
Etaient de pourriture et de sang toutes noires;
Son antre etait un porche au farouche carreau,
Temple-sepulcre orne d'un pontife-bourreau;
Des squelettes riaient sous ses pieds; les ecuelles
Ou cet etre buvait le meurtre etaient cruelles;
Sourd, difforme, il avait des serpents au poignet;
Toujours entre ses dents un cadavre saignait;
Ce spectre noircissait le firmament sublime.
J'en grondais quelquefois au fond de mon abime.
Aussi, quand sont venus, fiers sur les flots tremblants,
Et du cote d'ou vient le jour, des hommes blancs,
Je les ai bien recus, trouvant que c'etait sage.
L'ame a certainement la couleur du visage,
Disais-je, l'homme blanc, c'est comme le ciel bleu,
Et le dieu de ceux-ci doit etre un tres bon dieu.
On ne le verra point de meurtres se repaitre.--
J'etais content; j'avais horreur de l'ancien pretre.
Mais quand j'ai vu comment travaille le nouveau,
Quand j'ai vu flamboyer, ciel juste! a mon niveau,
Cette torche lugubre, apre, jamais eteinte,
Sombre, que vous nommez l'Inquisition sainte;
Quand j'ai pu voir comment Torquemada s'y prend
Pour dissiper la nuit du sauvage ignorant,
Comment il civilise, et de quelle maniere
Le saint office enseigne et fait de la lumiere;
Quand j'ai vu dans Lima d'affreux geants d'osier,
Pleins d'enfants, petiller sur un large brasier,
Et le feu devorer la vie, et les fumees
Se tordre sur les seins des femmes allumees;
Quand je me suis senti parfois presque etouffe
Par l'acre odeur qui sort de votre auto-da-fe,
Moi qui ne brulais rien que l'ombre en ma fournaise,
J'ai pense que j'avais eu tort d'etre bien aise;
J'ai regarde de pres le dieu de l'etranger,
Et j'ai dit:--Ce n'est pas la peine de changer. _

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